Dans cet épisode, je plonge dans le questionnement lié au charlatanisme. La question qui m’anime, c’est “est-ce qu’être rémunérée comme praticienne intuitive fait de moi un charlatan ?”. Reprenons la définition du charlatanisme, qui indique qu’un charlatan est celui qui exploite la crédulité publique, en vantant ses produits, sa science, ses qualités (source : Larousse). Je vais te partager ma réflexion, qui est partie de la vision romancée et tragique de la bohémienne qui offre ses talents, à la réalité économique actuelle.
La vision romancée du don et le conflit intérieur de la rémunération
J’ai très longtemps eu tendance à romanticiser la figure de la praticienne intuitive. L’image que j’avais, c’était celle de la voyante bohémienne, enveloppée dans un voile de mystère, dotée d’un don inné transmis de génération en génération. Mais avec du recul, je me demande si cette perception du don comme quelque chose de divinement accordé, plutôt que durement acquis, travaillé, expérimenté, crée un conflit interne pour de nombreuses praticiennes intuitives. Nous sommes confrontées à la question épineuse de la rémunération de nos services : est-il juste de monnayer un talent qui semble être un don naturel, plutôt que le fruit d’un apprentissage ou d’un travail acharné ? Ce dilemme soulève des interrogations profondes sur la valeur de notre pratique et sur la légitimité de demander un paiement en échange de nos services.
La valeur de son travail et la légitimité de sa rémunération
Pendant des années, j’ai personnellement lutté avec le conflit intérieur entre la conviction profonde d’avoir quelque chose à offrir dans les domaines intuitifs et la difficulté à demander une rémunération en échange de mes services. Je sais que mon histoire résonne avec de nombreuses praticiennes intuitives qui se trouvent dans une situation similaire. D’un côté, il y a cette certitude innée que ce que nous offrons est précieux, qu’il s’agit d’une forme d’amour et d’énergie investis dans chaque consultation, chaque séance d’harmonisation énergétique. Mais d’un autre côté, il y a cette voix intérieure qui nous chuchote que demander un paiement pour quelque chose qui semble être un don divin est égoïste ou même immoral. C’est un dilemme difficile à résoudre, car il met en jeu notre perception de la valeur de notre propre travail. À quel point l’amour et l’énergie que nous mettons dans nos pratiques intuitives doivent-ils être quantifiés en termes monétaires ? C’est une question qui reste sans réponse claire et qui demande une réflexion profonde sur notre propre estime de soi et sur la valeur de notre travail.
L’importance de l’éthique et de la distance critique
Et si tous les praticiens des arts intuitifs ne sont pas des charlatans, il ne faut pas se leurrer. Des personnes qui essaient de profiter de l’aspect impalpable de ces domaines pour prendre l’ascendant sur leurs clients… ça existe. Je l’ai moi-même constater, avec par exemple une kinésiologue qui voulait me dissuader d’aller faire un bilan de fertilité chez mon gynécologue. Pour autant jamais je ne dirai que la kinésiologie est un domaine de charlatans ! En revanche, cette femme avait clairement un problème de prise de pouvoir sur ses clients, et dans mon cas… sur moi. Nous faisons souvent appel à une praticienne des arts intuitifs lorsque nous sommes en situation de vulnérabilité. Dans cet épisode de podcast je te partage certaines bribes de mon parcours comme femme ayant des difficultés à procréer. Il y a un exemple que je n’ai pas donné : celui d’une hypnothérapeute qui m’avait été conseillée comme étant “faiseuse de bébés”. En l’occurrence, elle aurait eu un talent particulier pour lever certains blocages inconscients qui empêchaient, comme dans mon cas, toute ovulation. Cette femme, dès l’anamnèse (le rendez-vous qui permet de comprendre un peu l’histoire du client qu’on reçoit), a essayé de prendre le contrôle sur moi. Ma situation était assez particulière parce que mon mari refusait d’être un “vieux papa” et il m’avait donné une dead-line pour tomber enceinte. Cette histoire nous appartient, ce n’est pas le lieu de porter un jugement. Mais cette hypnothérapeute m’a clairement conseillé de faire un enfant dans le dos à mon mari, et de ne pas respecter l’accord que nous avions passé.
Mon propos, c’est que toutes les histoires ont leur part de douleur. Et souvent, quand on se tourne vers des praticiens non-conventionnels, c’est parce qu’on a essayé tout le reste. Malgré notre situation de vulnérabilité, il faut apprendre à garder de la distance par rapport aux conseils qu’un praticien peut nous donner.
Des praticiens intuitifs fabuleux, il y en a pléthore. En revanche, il suffit d’un ver dans le fruit pour qu’on pense tout le verger pourri ! C’est pour ça qu’il est toujours important pour moi de communiquer sur l’éthique qui me meut. D’ailleurs dans le premier programme LaHoChi que j’ai transmis il y a un an, j’ai parlé éthique en long, en large, et en travers. Mais c’est pareil dans ma pratique de l’astrologie et du Human Design : pas de jugement hâtif, j’ouvre des possibles et j’essaie de montrer à mes clientes leurs potentialités infinies. Et quelque part, je pense que le fait que les principes éthiques soient non-négociables dans ma pratique viennent aussi des praticiens peu scrupuleux que j’ai pu croiser sur ma route.
Assumer sa valeur et sa pratique dans la réalité économique
Pour conclure, même si entre nous, je n’ai pas suivi le script que j’avais prévu pour cet épisode, je pense qu’il est important tant pour les praticiennes intuitives qui n’osent pas être rémunérées à la hauteur de la valeur de leurs prestations que pour les clients de praticiens des arts intuitifs de revenir au concret : nous vivons dans une réalité 3D, réalité 3D dans laquelle nous avons besoin d’argent pour payer nos factures, notre logement, notre nourriture… je suis même convaincue que l’époque de la belle bohémienne diseuse de bonne aventure parce qu’elle offrait son don au monde n’a jamais existé. Depuis la nuit des temps nous devons répondre à nos besoins vitaux, même s’il n’existait pas de système monétaire. Ce n’est pas le problème. Il est important pour nous, praticiennes intuitives, de revenir dans nos chaussures et nous dire que nous avons une vie humaine, 3D. Et que nous n’avons pas à nous mettre dans une posture sacrificielle pour honorer une quelconque tradition.
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